C'est important pour la formation en dessin de caractère de se familiariser avec d'autres langues parce qu'il se passe plein de choses dans un gris de texte d'une langue à l'autre.
Le podcast, animé par Victoire Le Bars, réunit les typographes et graphistes indépendants Eliott Grunewald et Alex Pelletanche. Ils explorent la question des revivals en typographie, des défis des fonderies typographiques, ainsi que des sujets tels que la photocomposition et le magazine « Upper and Lowercase » d'Herb Lubalin. Grunewald partage son expérience de création de caractères par nécessité, illustrant comment combler un manque peut susciter un besoin insoupçonné. De son côté, Pelletanche évoque l'histoire du caractère monochasse Knif et ses choix typographiques constants. Le podcast met en avant l'importance de connaître et maîtriser ses outils et explore la notion que les goûts en typographie peuvent naître parfois du dégoût. Enfin, il examine l'équilibre visuel, le rythme et l'uniformité en typographie, ainsi que le rôle de la direction artistique à travers l'exemple de l'artiste Ndayé Kouagou.
Ils sont confortables à lire, fonctionnels, surtout techniquement, et exempts de formulations personnelles, c’est-à-dire qu’ils sont, dans le meilleur sens du terme, inintéressants.
La Nouvelle Typographie de Jan Tschichold est un manifeste pour la modernité dans la typographie. Tschichold y critique l'ancienne typographie et propose une nouvelle approche basée sur la fonctionnalité, la clarté et la simplicité. Il prône l'utilisation de la grille, des normes et des standards pour créer une typographie moderne et efficace. Tschichold insiste également sur l'importance de la reproduction en série et de la dissolution de l'art dans l'architecture et les formes publiques. Il explore également l'influence de la vie bouleversée, mécanisée, urbanisée et accélérée sur la typographie. Enfin, Tschichold examine les contributions des avant-gardes, tels que les futuristes, le mouvement Dada et le Bauhaus, à la révolution de la typographie.
Une lettre est ainsi toujours définie par un mélange fluctuant, combinant possibilités matérielles et idée abstraite.
Le travail de Donald Knuth à la fin des années 1970 a introduit des questions métaphysiques dans l'approche pratique de la conception de typographies. Il a travaillé sur l'identité algorithmique des lettres et a découvert leur complexité graphique lorsqu'il n'a pas réussi à les modéliser. Knuth a imaginé une « metafont » en 1982, qui tire parti des médias numériques pour générer des formes de lettres et des équations visuelles. Il postule qu’un seul ensemble d’algorithmes suffit pour décrire les lettres alphabétiques de base. Son approche traite les lettres comme une pure information mathématique, suggérant leur possible réduction algorithmique, en dehors de toute formalisation. Une lettre est ainsi toujours définie par un mélange fluctuant, combinant possibilités matérielles et idée abstraite.
Texte publié dans Étapes: 255 / Dossier Mesures, Grilles, Formats. Mai 2020.
Hofstadter dessine sur Macpaint près de 400 gridfonts en 18 mois : j’étais possédé par la grid-font mania [...]
Cet article de Thomas Huot-Marchand explore l'utilisation des grilles et de la géométrie en typographie. Bien qu'ils soient souvent utilisés pour des raisons idéologiques ou pratiques, la création d'un caractère typographique nécessite la prise en compte de principes tels que l'alignement optique, le contraste anisotrope et l'équilibre vertical. Différentes méthodes telles que la réduction, la rastérisation et la modularité produisent différentes dynamiques en typographie. La typographie postmoderne remet en question l'utilisation de grilles. Le projet Letter-spirit capture « l'esprit » de chaque alphabet et génère des caractères qui maintiennent une cohérence stylistique globale. En fin de compte, les mécanismes cognitifs derrière l’identification des lettres sont complexes, et il existe un élément intangible de jeu, d’intuition et d’invention dans la création d’un caractère typographique, qu’il soit aligné ou non sur une grille.
Entretien réalisé par Rudy VanderLans. Publié en 1990.
J'aime les choses qui ressemblent à des puzzles ;
Le texte est une interview entre Rudy Vanderlans et Zuzana Licko sur la conception de polices de caractères dans le contexte des années 90. Zuzana explique qu'elle est plus intéressée par l'exploration de ce que l'ordinateur peut faire que par la création de polices de caractères qui correspondent à une vision spécifique. Elle aime expérimenter et créer des formes de lettres qui fonctionnent bien avec l'ordinateur, pour des raisons pragmatiques et stylistiques. Son objectif est de voir jusqu'où les formes de lettres de base peuvent être modifiées tout en restant fonctionnelles. Elle prend l'exemple de la lettre « g » minuscule du caractère Matrix, qui a une forme inhabituelle, mais qui reste facilement reconnaissable. Elle qualifie certaines de ses polices de caractères de géométrique ou grossier, mais espère que certaines d'entre, elles atteindront un niveau de reconnaissance et de lisibilité similaire à celui des classiques telles que Times.
Je n’aime pas qu’une contrainte technique force à sacrifier des spécificités formelles
Dans cette interview, Mitch Paone exprime entre autres son désintérêt pour les animations de polices variables. Il explique que l'interpolation nécessaire pour créer des caractères variables entraîne la simplification des formes et la perte des microdétails qui donnent de la personnalité à la police. De plus, les animations sont limitées aux axes entre les masters, ce qui restreint la créativité et donne souvent un effet de rebondissement. Il mentionne également des collaborations passées avec des dessinateurs de caractères pour créer des spécimens typographiques utilisant des processus organiques filmés. Ces expérimentations ont abouti à des résultats convaincants, permettant de rendre visible l'altération d'un texte par des mécanismes organiques. Enfin, il mentionne la conception d'un spécimen animé pour le Q Project de Peter Bil'ak, un système de polices variables ludique qui permet de générer un grand nombre de déclinaisons.
La nouvelle génération de designer graphique doit se prendre en main pour définir de nouvelles esthétiques dans les médias électroniques et ne pas laisser la technologie les dicter
Dans cet article, le designer néerlandais Joost Groostens explore les outils, les pratiques et les usages des designers graphiques ainsi que des amateurs. Il commence par examiner l’utilisation des logiciels par les étudiants français postulant dans son studio suisse SJC. Il constate que la majorité des étudiants utilisent la suite Adobe, remettant ainsi en question son omniprésence et soulignant son impact restrictif sur la créativité. Ce qui rend cet article particulièrement intéressant, c’est la présentation par Joost de pratiques créatives d’amateurs qui détournent l’utilisation des logiciels ou des applications de smartphone pour créer. Toutes ces pratiques amateurs ont en commun le partage, et Groostens encourage les designers à exploiter cette dynamique pour stimuler l’innovation dans le domaine.
Un jeu sans fin où les règles et les les contraintes sont constamment remises en question. Repousser les limites de la lisibilité en permanence
Dans cet ouvrage, Étienne Robial partage son parcours professionnel et créatif, couvrant une période de 1966 à 2021. Il évoque son expérience en tant que libraire spécialisé, éditeur, diffuseur et distributeur indépendant. Robial décrit également son implication dans divers projets, allant des publications aux institutions, en passant par les médias et les marques d’entreprises. Il met en avant trois éléments fondamentaux de son travail : la forme, la couleur et l’alphabet. Il explique sa passion pour le dessin régulateur, la construction, les couleurs harmoniques, les codes chromatiques et l’utilisation créative des alphabets. Robial souligne aussi l’importance de la pédagogie dans son métier de graphiste, soulignant son rôle dans la rationalisation et la normalisation des processus créatifs. Enfin, il exprime sa gratitude envers ses collaborateurs, associés, clients et éditeurs, mettant en avant le plaisir constant qu’il prend dans la conception d’images, de formes et d’accords variés pour une multitude de projets créatifs.
Les polices numériques nous sont aujourd’hui si familières qu’on oublie facilement que nous n’avons pas toujours eu le choix entre les quelque 50 000 caractères
Indra Kupferschmid est une typographe allemande renommée qui a participé à la création de la norme OpenType Font Variations, également appelée Variable Fonts. Dans son article, elle explique que cette nouvelle technologie permet de créer des polices de caractères qui peuvent varier en épaisseur, en largeur, en inclinaison, etc. en fonction des besoins du designer. Les avantages de cette technologie sont nombreux. Elle permet une plus grande flexibilité dans la création de polices de caractères, en créant des polices qui peuvent s’adapter à différents contextes et supports. Par exemple, une police variable peut être utilisée pour créer des titres et des sous-titres qui ont des épaisseurs différentes, ou pour créer des textes qui s’adaptent à la largeur de l’écran sur lequel ils sont affichés. Un autre avantage de la typographie variable est qu’elle permet une économie d’espace de stockage. En effet, une police variable ne nécessite qu’un seul fichier pour stocker toutes les variations possibles, alors qu’une police traditionnelle nécessite un fichier pour chaque variation.
L’ordinateur a toujours été une simulation de tissage : des fils de zéros et d’un simulant des écrans de soie dans les perpétuels mouvements du cyberespace.
Cet article de Claire KAIL explore les analogies entre le tissage et l’écriture, en montrant comment le geste du tissage est à la fois un geste d’écriture et une logique combinatoire. Elle explique que le tissage est un geste d’écriture, car il consiste à déployer des lignes, à compléter puis recommencer, tout comme l’écriture. Le tissage est également une logique combinatoire car il consiste à combiner des fils selon des règles précises pour créer des motifs. Elle revient et explique comment le tissage est devenu un geste d’écriture en décrivant l’évolution des métiers du tissage. Au début, les différentes armures étaient conservées à même les étoffes, un tisseur sachant lire dans le tissu les règles de sa composition. Puis se développent peu à peu avec l’évolution des métiers la documentation des gestes et la figuration des motifs tissés. Les armures vont progressivement être représentées en dehors du tissu, sur du papier : c’est le schéma d’armure. Enfin, la partie la plus passionnante à mon sens arrive lorsqu’elle montre comment le tissage a pu être à l’origine de l’informatique. Il explique comment le métier à tisser Jacquard a automatisé les gestes du tissage en lisant des cartes perforées, préfigurant ainsi les algorithmes informatiques.
Observer le pli, c’est d’une certaine manière entretenir une forme d’attention particulière aux formes qui nous entourent et aux processus qui les forment
Ce texte explore le concept du pli sous différentes perspectives, allant de sa définition géométrique à son rôle dans la nature, la science, l’art et la philosophie. Le pli est décrit comme une surface repliée sur elle-même, résultant de la force physique exercée sur une matière malléable. Les artistes utilisent le pli pour exprimer l’intensité des émotions, créer des représentations du mouvement de la vie et insuffler de la sensualité dans leurs œuvres. Dans la philosophie et la psychanalyse, le pli est métaphoriquement lié à la pensée, à la mémoire et au temps. Il est associé à la complexité de l’esprit humain et de l’âme. Ce qui est intéressant avec cette approche complète de la notion du pli, c’est qu’on se rend compte qu’elle peut être transposée dans différents domaines, notamment lorsqu’il est question du pli dans le contexte du papier et la question de contraindre la matière. Dans le domaine de l’origami, l’art japonais du pliage du papier, la contrainte est un élément essentiel. Les artistes doivent travailler avec les propriétés spécifiques du papier, telles que sa flexibilité, sa résistance et sa capacité à garder sa forme une fois plié. Ces contraintes physiques du matériau imposent des limites aux formes que l’on peut créer, et les origamistes doivent les comprendre et les maîtriser pour réaliser des pliages complexes et esthétiques.
Le tissage est une technique picturale, et il peut être considéré comme un art à part entière
Cet ouvrage explore la vie et l'œuvre d'Anni Albers, une artiste majeure du XXème siècle qui a su placer la tapisserie au rang d'art à part entière. Il commence par décrire son éducation à Berlin et son passage au Bauhaus, où elle a étudié le tissage et a été influencée par des artistes tels que Paul Klee et Wassily Kandinsky. Il décrit ensuite son travail au Black Mountain College, où elle a enseigné et a proposé des exercices créatifs aux étudiants, tels que la création de motifs à partir de papiers froissés, d'herbe, de bouts de métal ou de graines. Les points les plus intérressant se trouvent lorsque il aborde le tissage. Il explore en détail les techniques d'Anni Albers, notamment son utilisation de matériaux tels que le coton, la soie et le lin, ainsi que sa capacité à créer des motifs complexes et abstraits à partir de simples fils. Il décrit également comment le tissage est une technique picturale et comment il peut être considéré comme un art à part entière. Il explique également que le tissage est une pensée en aller et retour, la navette passant de droite à gauche effectuant des allers et retour sur le métier à tisser, ne s’arrêtant que lorsqu’il y a changement de forme ou de couleur.
Azimuts n° 56 – Se permettre l'écriture chez les designer·euse·s, artistes, chercheur·euse·s
Tu t'hypnotises toi-même, c'est la qu'écrire dépasse la rédaction
Cet article parle de la maison d'édition hyphe, créée par Yusha Ly et Ambre Lacroix. Cette maison de micro-édition est spécialisée dans l'édition de mémoires écrits en école supérieure d'art et de design. Les fondateurs de hyphe ont constaté que les mémoires d'étudiants en art et design étaient souvent peu valorisés et peu diffusés, alors qu'ils représentent un travail important et intéressant. Yusha souligne que tout le monde n'a pas les mêmes capacités en écriture, et que le mémoire ne devrait pas être un exercice imposé à tous les étudiants. Cependant, pour ceux qui ont des affinités avec l'écriture, le mémoire peut être une occasion de se découvrir des capacités insoupçonnées. Ils abordent enfin la pression que l'on peut ressentir en France à l'égard de l'écriture, et de la nécessité d'accompagner les étudiants en école d'art dans cette pratique. Yusha et Ambre encouragent les étudiants à expérimenter avec l'écriture, à partir de leurs faiblesses et de leurs difficultés.
Extrait du Cahier Design n° 3 Helmo – Design graphique, ping pong et géologie, juillet 2013
Pour moi d’ailleurs, les plus grandes œuvres sont le résultat d’un combat entre un artiste et une ou plusieurs contraintes.
Cet entretien explore le rapport à la contrainte dans le travail artistique et graphique. Les artistes Helmo partagent avec François Morellet un amour pour les contraintes, qu'ils considèrent comme un moteur de création. Lors de leur échange, ils expliquent comment la contrainte est le socle nécessaire sur lequel ils construisent tous leurs projets, et comment elle permet de dépasser l'imagination gratuite pour créer des œuvres plus riches et plus complexes. Il présente également plusieurs exemples concrets de projets réalisés sous contraintes, tels que des affiches, des livres, des installations et des fresques murales. Les artistes expliquent comment ils ont utilisé des contraintes techniques, économiques, temporelles et conceptuelles pour stimuler leur créativité et produire des œuvres originales et innovantes. Enfin il souligne l'importance de la recherche et de l'expérimentation dans le travail sous contraintes. Les artistes expliquent comment ils explorent constamment de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et de nouveaux processus pour repousser les limites de leur art et de leur design graphique.